Dimanche
Tu cours, cours, cours, après des fantômes
Tu cours, cours, cours
Mais les anges qui vivent chez toi, tu ne les vois pas
Tu cours, cours, cours, au téléphone
Tu cours, cours, cours
Et tu rentres, épuisé le soir, tu t'effondres là
Ils ont besoin de toi, de tes mots, de ton pas
Ils ont besoin de savoir que tu es là
Ils ont besoin d'entendre autour de la table la joie de ta voix
Ils ont besoin de toi, ils t'attendent, ils t'espèrent
Ils ont besoin de ton amour de père
Et tu as besoin d'eux tout autant mais te perds dans toutes ces choses à faire
Car tu cours, cours, cours, comme un fantôme
Tu cours, cours, cours
Et les anges qui vivent chez toi te tirent par le bras
Mais tu es sourd, sourd, sourd, au téléphone
Sourd, sourd, sourd
Préoccupé quand tu es là, t'es pas vraiment là
Tu portes un grand amour tout au fond qui résonne
Pour les tiens que tu aimes comme un fou, comme personne
Mais tu trébuches encore
Ton histoire t'emprisonne, te tire vers le bas
Ton cœur voudrait chanter cet amour étouffé
Ecrasé par le poids dément de tes journées
Mais tu ne peux donner qu'un cœur épuisé
Qui explose parfois
Et tu deviens lourd, lourd, lourd, bête de somme
Lourd, lourd, lourd
Et les anges qui vivent chez toi, tristes prient pour toi
Ils savent que l'amour, l'amour, l'amour
L'amour que l’on donne
L'amour, l'amour, l'amour
L'amour est la seule chose que te sauvera
Et tu cours, cours, cours, après des fantômes
Tu cours, tu cours, tu cours
Et les anges qui vivent chez toi, tu ne les vois pas
Mais tu cours, cours, cours, au téléphone
Tu cours, cours, cours
Et tu rentres, épuisé le soir, tu t'effondres là…
Ça fait bientôt trois jours
Que j’squatte les alentours
De cette gare de banlieue
Allongé sur un banc
Je r’garde les passants
Je les envie un peu
J’ai l’regard qui divague
La bouche pâteuse, j’suis crade
Je fume de vieux mégots
Avec les p’tites piécettes
Qu’on met dans mon assiette
Je bois comme un salaud
J’suis un clochard, un homme de la rue
Je vis dehors tout seul un peu bourru
J’ai le visage creusé par les années
J’suis démuni, démoli par ma vie
Il y en a qui veulent m’aider
D’autres cherchent à m’déloger
Il y en a qu’ont peur de moi
Il y a ceux qui me méprisent
Ceux qu’je démoralise
Ceux qui me voient même pas
D’toutes façons moi je m’en fous
J’suis d’venu un peu fou
Aigri je parle tout seul
Je me suis fait une bulle
Une bulle qui me rassure
Coincée derrière ma gueule
J’suis un clochard, un homme de la rue
Je vis dehors tout seul un peu bourru
J’ai le visage creusé par les années
J’suis démuni, démoli par ma vie
J’aime bien me faire du mal
Me sentir animal
Me saboter moi même
D’toute façon, je mérite pas
Qu’on prenne soin de moi
Je n’mérite plus qu’on m’aime
J’suis tombé tellement bas
On m’récupérera pas
J’ai été trop blessé
Seule façon d’exister
Jouer le rôle du paumé
Qui attire la pitié
J’suis un clochard, un homme de la rue
Je vis dehors tout seul un peu bourru
J’ai le visage creusé par les années
J’suis démuni, démoli par ma vie
Aux sorties des écoles
Je me dis que j’ai pas eu de bol
En voyant ces gamins
Que j’aurais bien aimé
Qu’on vienne aussi m’chercher
Qu’on me tienne par la main
Aux sorties des bureaux
J’me dis qu’le monde est dur
Que j’ai pas l’envergure
Je me sens petit, minable
Minable et misérable
J’ai honte et ça fait mal
J’suis un clochard, un homme de vos rues
Un de vos exclus qui dérange et qui pue
J’ai le visage d'un homme qui a ramé
Qui a ramé et puis abandonné
J’suis un clochard, perdu à votre porte
Je suis désolé, j’ai pas su être fort
Ne bougez pas
Je sais que vous êtes pressés
L’hiver est proche, il viendra me chercher
Des tables à la cuisine, d’la cuisine au comptoir et du comptoir aux tables
Elles dansent avec les portes, avec les choppes, qu’elles nous apportent
Equilibre fragile des serveuses agiles qui réjouissent la salle
Sous les voutes sonores de la brasserie d’la cathédrale
Coule la bière, coule le temps
Défilent les verres, passent les années, partent les enfants
Coule la bière, coule le temps
Ils boivent le printemps
Depuis combien de temps, depuis combien de nuits ce caveau se remplit
Du rire des compagnons, des joyeux étudiants, des ardents apprentis ?
Combien de bulles ambrées ont déjà débordé recouvrant de promesses
Les rêves insouciants de ces beaux jeunes gens, de cette frêle jeunesse
Dans la lumière, s’offre le temps
Aux sillons de nos terres, tombent les années qui germent en leur temps
Dans la lumière, s’offre le temps
Ils boivent le printemps
Je me revois comme eux, croquant la vie plein d’appétit
Ce soir mon verre est doux, couleur d’automne, parfum de pluie
Je regarde attendri la vie qui passe et se transmet
Sous le regard paisible des vielles pierres et de leurs secrets
C’était hier, il y a longtemps
L’âme légère, il y a des années, le cœur vaillant
Dans la lumière innocemment
Je buvais le printemps
Tourne la terre, tourne le temps
L’étoile polaire voit la terre danser dans un ciel d’argent
Et dans mon verre, j’ai du bon temps
Je bois le présent
Tourne la terre, tourne le temps
Profond mystère la terre dansant dans un ciel d’argent
Dans la lumière, infiniment
Buvons le présent !
Bien sûr, je vais l'ouvrir cette main
Mais c'est dur quand même
Bien sûr il est devant son chemin
Et ce n'est pas le même
Bien sûr je suis heureux de la voir
S'envoler librement
Mais j'ai le cœur peiné
De voir partir mon enfant
Tout ce qu'elle nous a donné au fil des années
Un grand bouquet champêtre
Un air de premier mai
Son rire, sa joie, ses yeux,
Son cœur et mille feux
Sont en vrac dans mes bras et brillent tout ce qu'on peut
Elle est là devant moi sur le pas de la porte
Pour l'embrasser je dois lâcher ce que je porte
Comme une pluie de printemps
Ces larmes et ces souvenirs
Tombent là, à nos pieds
Sur nos cœurs enlacés
Bien sûr, je vais l'ouvrir cette main
Mais c'est dur quand même
Bien sûr qu’il est devant son chemin
Et ce n'est pas le même
Pour l'embrasser je dois lâcher
Va… va !
Ma belle… Ma fille…
Allez, va !
Quelques pas de souris
Là-haut sur le parquet
Une porte qui crisse
Et ton ombre apparaît
Tes deux petits pieds nus
Timides, semblent hésiter
Coupables d’être intrus
Descendent l’escalier
Je lisais au salon
Bercé par une sonate
Et ton apparition
M'offre une joie délicate
Je referme mon livre
Quitte les plaines du Gabon
Rassure ta mine craintive
Et t’invite par ton nom
Eléonore
Viens ma jolie, il est tard
Tout le monde dort…
Qu’y a t-il ma belle ?
Viens là…
Qu'est ce qu'il y a ?
Viens,
Viens vers moi…
Du haut de tes deux ans
Je te cueille sans effort
Te porte tendrement
Au chaud contre mon corps
Caresse d’une main tranquille
Tes cheveux emmêlés
T’offre ma voix paisible
Et quelques doux baisers
Tu sais dire peu de choses
Tes yeux parlent tout bas
Je t’aime petite rose
N’ai pas peur je suis là
Quel est ce vilain rêve
Qui s’est permis d’entrer
Dans ta chambre de verre
Dans ton cœur désarmé
Eléonore
N’aies pas peur ma fille je suis là
Petite aurore
Ecoute la nuit, les étoiles
Grand mystère
L’infini du ciel
Qui éclaire
Nos nuits…
Eléonore
N’aies pas peur ma fille je suis là
Petite aurore
Ecoute la nuit, les étoiles
Grand mystère
L’infini du ciel
Qui luit…
Ça commence par une grasse mat.
Dynamitée par les gamins
Qui se pointent dans notre plumard
Soi-disant pour des câlins
Qui font voler les rideaux
Et déclenchent une baston
A grands coups de polochons
Qui finissent dans le salon
Quand l’armistice est signé
On fête ça comme des pachas
Par un méga p’tit déjeuner
Où il y a même du Nutella
Du jus d’orange à gogo
Du pain frais qu’est encore chaud
Avec du miel de sapins
Qui dégouline sur les mains
Dimanche avec ceux qu’on aime
C’est l’bonheur qui fait surface
Dans une semaine trop pleine
Qui nous use qui nous casse
Dimanche avec ceux qu’on aime
C’est une bouffée d’oxygène
Où on peut se rencontrer
Le cœur plein de légèreté
Après c’est le branle-bas de combat
Pour habiller les enfants
Mettre les manteaux, les bottes
Les bonnets et puis les gants
On part pour se balader
Dans la campagne gelée
Et on se ferra attaquer
Par des indiens embusqués
Nous deux on appréciera
La beauté des paysages
Attendrit on consolera
Le bobo d’un d’ces sauvages
Et l’vent nous dira tout bas
Que quand on avait leur âge
On faisait aussi des glissages
Sur la glace des marécages
Dimanche avec ceux qu’on aime
C’est l’apéro à trois heures
Les voisins venaient pour l’café
Ils sont bons pour l’déjeuner
On leur sert un civet de lapin
Arrosé par du bon vin
Et quand ils ont quatre fois trop mangé
On sort la tarte et le goûter
Passionnés on refait pas le monde
On parle de Porto Alegre
Puis on démarre un tarot
Arbitré par un Cointreau
Schubert nous joue du piano
Pendant qu’on bouffe des pruneaux
La cuisine est en bordel
Qui c’est qui reprend un café crème ?
Très vite il vient l’heure d’évoquer
Qui c’est qu’ira donner l’bain
L’autre aura aussi une corvée
Il devra virer les voisins
Ranger la chambre des gamins
Qui s’est fait cambriolée
Et préparer un p’tit dîner
Qui se la joue équilibré
Dimanche avec ceux qu’on aime
Finit par une histoire au lit
Une chanson qui fait dormir
Et l’dernier bisou qu’est soufflé
Par la soirée rien qu’à deux
Offerte à deux amoureux
A qui il reste une heure ou deux…
Pour souffler un peu !
Y a des p'tits amoureux dans l'herbe
Y a des p'tits amoureux superbes
Y a des p'tits amoureux qui s'disent des "Je t'aime" et qui
Sentent fleurir la vie au bout du ch'min
Qui s'disent des "Je t'aime" et qui marchent main dans la main
Y a des p'tits amoureux qui s'aiment
Y a des p'tits amoureux poèmes
Y a des p'tits amoureux qui s'embrassent comme un feu
Et qui s'regardent au fond des yeux
Qui boivent à pleine gorge le printemps, l'amour et leurs vingt ans
Et ça bécote, ça papote, ça se cache
Dans les bouquets de myosotis
Sous les caresses qui s'enflamment, ça s'embrasse
Dans le pollen qui pétille
C'est beau, c'est frais, la jeunesse qui s'emballe
A la lumière des beaux jours
Au passage on vole, un regard, un pétale
On cueille un brin de leur amour
Y a des p'tits amoureux qui rêvent
Y a des p'tits amoureux qu'espèrent
Y a des p'tits amoureux qui croient que l'bonheur est là
Qui leur ouvre les bras
Ils sautent heureux dans le train qui passe par là juste devant leurs yeux
Y a des p'tits amoureux patients
Y a des p'tits amoureux confiants
Y a des p'tits amoureux qui sèment des graines de douceur
Dans le jardin secret des cœurs
Qui guettent au fil des matins leur fleur, dévoiler ses couleurs
Ils se racontent, ils s'écoutent, ils s'étonnent
Sous les regards qui papillonnent
Ils s'habillent de rêve, de poussière, de promesses
Vont par les ronces et les genets
C'est beau c'est frais la jeunesse qui s'élance
Au matin de la providence
On bénit le jour où ils se feront la male
Fuyant sous leur bonne étoile
Y a des p'tits amoureux dans l'herbe
Y a des p'tits amoureux superbes
Y a des p'tits amoureux qui s'disent des "Je t'aime" et qui
Sentent fleurir la vie au bout du ch'min
Qui s'disent des "Je t'aime" et qui s'en vont main dans la main
Viens Lilou !
Mets ton chapeau, moi je sors le vélo
Je t'amène au parc où y a des pédalos
On pourra j’ter du pain dans l'eau aux oiseaux
Viens filou !
J'irai très vite dans la grande descente
Et si on double le tram dans la pente
Tu lui ferras nananère avec un pied d’nez d’enfer
Viens Lilou !
Au parc je prendrai le chemin en terre
Celui où il y a les bosses de dromadaires
Et tu ferras la-la-la comme chaque fois pour faire trembler ta voix
Viens Filou !
A l'arrivée j'irai dans les graviers
Je te ferrai beau dérapage contrôlé
On attachera ton cheval et toi tu lui donneras l'eau
Viens Lilou !
On ira aux jeux faits pour les enfants
Et tu ferras là-bas du toboggan
Même s'il est sale, même si j'en ai marre d'être seul sur le banc
Viens voyou !
Si le gardien n'est pas là on pourra
Mettre les pieds dans l'eau et même les bras
A condition que promis tu n’plonges pas et qu'tu n’m'éclabousses pas
Ta joie fait ma joie, ton rire me donne des ailles
Tes rêves : un bol d’air dans mon univers
Ta joie fait ma joie, c’est la vie qui m'appelle
Ta vie dans la mienne : une petite merveille
Viens p'tit sioux !
On montera dans la pirogue à pédale
Pour chasser les castors sous les étoiles
Et on laissera trainer les mains dans l'eau pour sentir comme c'est calme
Viens matou !
On ferra la queue jusqu'aux barbes à papa
J'essayerai ta moustache pendant qu'tu bouges
Parce que tu regardes les moineaux qui picorent autours de toi
Viens p'tit loup !
On ira voir les singes qui grimacent
On leur dira par où faut qu'ils passent
Pour venir jusqu'à ta fenêtre la nuit par les égouts et les fils électriques
Viens doudou !
Au retour tu m'encourageras c'est sûr
Dans la montée tu diras « Oh c'est dur… »
Et très vite j'te connais tu crieras « Aller papa plus vite ! »
Ta joie fait ma joie, ton rire me donne des ailles
Tes rêves : un bol d’air dans mon univers
Ta joie fait ma joie, c’est la vie qui m'appelle
Ta vie dans la mienne : une petite merveille
He zouzou !
Donne-moi ton pied et regarde ta sandale
Arrête de bouger et sois un peu calme
A ce rythme-là on n’y est pas, allez aide moi
Ben oui doudou…
Regarde un peu ce que je fais
Voilà tu vois, c'est plus simple avec toi
Allez, donne-moi la main, viens on y va !
Allez pédale avec moi !
Ce fut d'abord la joie de tenir une lettre
De l'ouvrir en silence comme on ouvre un « peut-être »
Ce fut ton écriture que j'ai connue enfant
Ses courbes épanouies, renforcées par le temps
Des mots de soie annonçant ta venue
Et puis l'attente quand la lettre s'est tue
L'épi des jours que j'égrainais pour toi
A fini par nous apporter ta joie
Ta forte silhouette sur le pas de la porte
Ton regard lumineux, ton sourire qui déborde
Quel homme es-tu maintenant ! Mon tout petit enfant
Qui rassure tendrement mon pas devenu lent
Du temps gratuit s'offrait tu étais libre
Toi tout à nous, qui étions tout à toi
Ton cœur ouvert comprenait nos désirs
Et soulageait nos humbles soupirs
Je revoyais le temps où blotti dans mes bras
C'était toi qui confiais quelques chagrins d'enfant
Tu es beau mon garçon, merci d'être venu
Au bout de nos saisons que je ne compte plus
Je te regarde et ça me fait du bien
Je te caresse, tu m'imposes les mains
Merci pour tout ce qu'on a pu se dire
Pour cet amour entre nous qui respire
Ce fut d'abord la joie de tenir ta lettre
Et puis ce fut toi présent de tout ton être
Quand ma main hésitante saluait ton départ
Mes yeux perlaient dans les étoiles du soir
La première fois que je t’ai vu
Je ne savais pas que tu
Ferais un jour partie des racines
De ma petite famille
Qu’après ton départ nous irions
Boire et reboire, à la source
De tes souvenirs qui nous font vivre
Et nous donnent assise
J’avais douze ans et mes yeux ne voyaient
Que ta petite fille
Qui courait dans les forêts
Au milieu des jonquilles
Aujourd’hui j’ai compris
Que dans le souffle de sa vie
Tu es là comme la sève au printemps
Fait fleurir les champs
Souvent dans la famille
Au fil des jours qui passent
On raconte les mêmes histoires
Que tu comptais déjà
Les aventures de ton chemin
La lumière qu’il y avait dans tes yeux
Que tu nous as laissé comme une pluie d’été
Comme un cadeau d’adieu
Ah si jamais j’avais pu voir
Les trésors qui se cachaient
Derrière tes pauvres mains rugueuses,
Ta voix qui se perdait
J’aurais aimé passer du temps
A tes pieds, à t’écouter
Conter ces histoires d’antan
Qui éclairent le jour levant
Quand au hasard d’une balade
A l’heure du soleil levant
Je m’en viens sur votre pierre
Poser un petit bouquet en présent
J’ai au cœur une prière
De merci, qui s’envole avec le vent
Pour ces racines si précieuses
Qui nourrissent mes enfants
J’ai au cœur une prière
De merci, qui s’envole vers la forêt
Pour ces racines si précieuses
Auxquelles je viens boire en secret…
Je sais la vie fragile, je sais le temps donné
Que tout ce qui respire peut un jour se figer
Ils arrosent au jardin des promesses pour demain
Et soudain en chemin, une de leur vie s'éteint
Si j'apprenais demain que mes jours sont comptés,
Si nos deux mains liées devaient se déchirer
Puisses-tu te reconstruire, puisses-tu encore aimer
Et si c'était ta vie qui soudain s'échappait
Si tu devais partir et que je doive rester
Je ne saurais que dire, ne pourrais que t’aimer
Perdu désemparé
Comment contenir ? Comment traverser ?
Le cri de la douleur, la révolte sauvage
Qui pour sûr nous assaillirait ?
Comment rester debout ? Comment t'accompagner ?
Comment rester l'époux sur lequel t'appuyer ?
Comment rester l'homme pouvant te rassurer ?
Comment ne pas s'effondrer ? Pourrai-je te porter ?
Comment garder la foi, l'espérance et la joie ?
Comment garder pour toi une vie de combat ?
Comment faire de ces jours comptés un joli bouquet ?
Si l’on devait finir, si l’on devait quitter
Nos balades et nos rires, nos nuits et nos projets
J’aimerais savoir t’offrir des mots doux et légers
Qui te laisseraient libre de pouvoir t’envoler
Si l’on devait finir, si je devais quitter
Nos balades et nos rires et ton âme étoilée
Ton lumineux sourire
Resterait…
Le train glisse dans la nuit, emportant là nos destins
Il nous mène avec nos vies, nos chemins
Ballotés par son élan et le poids de nos journées
On s'endort dans le bruit de ce silence, épuisés
La buée
Cette odeur de poussière, de sueur et de rêves éteints
La banquette taillée au cutter
Les chaussures usées par nos vies de banlieue
Les lumières des villes que l'on ne peut compter
Et tous ces gens que je ne connais pas
Ma tête est lourde entre mes mains
C'est le poids de ma journée, le poids de toutes ces années
De tous ces va-et-vient vers le centre sans jamais l'habiter
Sans jamais habiter…
Les enfants doivent se coucher à l'heure qu'il est
Ils dormiront quand je serai rentré
Le train glisse dans la nuit
Emportant là nos destins
Il nous tient avec nos vies, nos chemins
Ballotés par son élan
Et le poids du quotient
On s'endort dans le silence de nos cœurs éteints
Ce soir devant le 20 heures
Ma peine est douleur
Les images sont d’ailleurs
On y voit Bagdad en feu
Juste là sous mes yeux
Violée par des hommes blancs comme moi
Là-bas la ville s’est figée sous les bombes
Dans la nuit qui s’avance et qui
Hantera pour longtemps les rêves des enfants
Les sirènes, les murs qui s’effondrent dans la rue
Un père sans vie porté par son fils qui hurle sa douleur
La haine est semée par milliers
Par ces oiseaux de fer venus de derrière le désert, là-bas !
La haine germera par milliers
Contre ces tours de verre qui dominent derrière le désert, là-bas !
L’histoire se répète sans cesse
C’est à croire que la mémoire
Se fond dans l’illusoire de nos vies sans histoires
Quelles bandes d’ignares
Je vous en foutrais moi
Des guerres propres, bien ciblées où un conquérant s’amène et promet la liberté
Des qui durent pas et qui sont pour le bien de tous ceux qu’on vient assassiner
Des qu’on brandit au non de Dieu pour apporter le bien avec des bombes et des blindés
Des qu’on mènerait à l’autre bout du monde de façon tout à fait désintéressée
J’ai quitté ces images qui n’en finissent pas
Allumé une bougie à la fenêtre
Je la regarde scintiller fragile
Dans le vent de ma ville
Fanny, douce Fanny
Ta voix est un ruisseau
Fanny, douce Fanny
Ton sourire un soleil sur ma peau
Moi je suis mal rasé, j’ai les joues creusées de douleur
Toi tu es légèreté et douceur
Moi je ne peux plus marcher, j’ai le corps criblé de peur
Mais tes yeux étoilés rassurent mon cœur
Fanny, douce Fanny
Ta blouse blanche est ma lumière
Fanny, douce Fanny
Elle m’enveloppe et je m’y perds
Quand je suis arrivé je délirais encore sous la mitraille
Aveuglé de douleurs, j’avais froid, j’avais mal
Tu m’as installé là, tu t’es penchée sur moi
J’ai senti ta poitrine et ton cœur qui bat
Fanny, douce Fanny
Dans tes bras je me réveille
Fanny, douce Fanny
Sors-moi de ce tunnel
Je revois la terrasse quand ils ont surgi
Quand les détonations brisèrent la vitrine
J’étais au cœur de la vie, au cœur de Paris
Je n’ai pas compris ce choc dans ma poitrine
Fanny, douce Fanny
Reste auprès de moi
Fanny, douce Fanny
Réchauffe-moi, j’ai froid
Mon corps se bat fiévreux dans un combat inégal
J’ai peur de mourir, j’ai peur et j’ai mal
Dans ce cauchemar sans nom, je sens sur mon front
La tendresse de ta main qui me fait tant de bien
Fanny
Dans tout ce carnage
Fanny
Il y a ton visage…
Fanny…
La journée de travail sous tension
Les bouchons, les informations
M’ont fait mal
La télé qu’on allume en secours
Qui vous pub, qui vous crie
Qui vous secoue l’esprit
Ça fait mal
Fatigué, fatigué, fatigué
Epuisé, vidé, compressé
Par cette vie conditionnée
J’ai soif de joies banales
Soif de vrai, soif de calme
De Bach et d’une tisane
J’veux lire un Jonathan
Envie de solitude, d’espérance, de patience
De photos d’enfance
Envie d’existence
Qui ait du sens
Je veux ouvrir ma fenêtre sur la nuit
Ecouter les bruits
Guetter la lune
Qui se cache dans la brume
J’ai soif de Dieu qu’on trouve dans l’silence
J’veux prier, accueillir et goutter
Sa présence
Qui range tout dans l’bon sens
J’veux sa paix qui vous caresse la joue
Qui soulage et vous remet debout
Je veux m’endormir l’esprit libre et léger
Le cœur habité
Habité
Habité…